Sorcière de la famille à dix ans

Une gosse dans l’enfer de la superstition et de la psychothérapie

Knoxxx


Enfant j’ai vécu chez ma marraine et son mari (un pauvre con qui mange la bouche ouverte comme si tous les repas étaient brulants, tu vois ce que je veux dire?). Un après-midi ils discutaient dans le salon pendant que j’étais dans ma chambre, j’avais un bobo au genou et je voulais me soigner toute seule comme une grande. Je suis allée leur montrer mon pansement et là, ma petite nièce a foncé dans ma chambre et a avalé l’alcool à 90°que j’avais laissé ouvert sans faire exprès. On a entendu HURLER! DRAME!
- Tu l’as fait exprès!
- Non j’ai rien fait!
- Si tu es jalouse!
- Non je suis pas jalouse!
Ils l’ont emmenée à l’hôpital.
J’avais peur qu’elle meure.
Ensuite les parents sont rentrés à la maison et m’ont fracassée comme d’habitude. Si ça avait été seulement ma marraine... Mais non, son mari aussi! D’où il me frappe celui-là ENCULE!! Puis c’est passé... Quelques jours plus tard ils m’ont envoyée jouer dehors seule. Ils avaient acheté un ballon pour la petite et je l’ai pris pour jouer. Il n’y avait rien à faire comme jeu étant donné que j’étais seule, alors j’ai décidé d’enterrer le ballon. Manque de chance je l’ai trop bien enterré et je ne savais plus où il était. Au moment où ils m’ont appelée par la fenêtre pour rentrer je leur ai dit :
- J’ai perdu le ballon.
- Où ça?
- Dans le sable.
- Tu es maléfique!
- C’est quoi maléfique?
- Tu es jalouse, tu es une sorcière.
Alors on a creusé tous les trois. On a retrouvé le ballon, et le mari de ma marraine l’a explosé. C’est écrit dans leurs croyances. Les sorcières font ça pour étouffer les petites filles, elles enterrent les ballons. Après ça toute ma famille (et Dieu sait qu’elle est grande ma famille) a dit que j’étais une sorcière. Ca me fait penser à la chanson : sorcièreuhhh, sorcièreuhhh, fais gaffe à ton derrièreuuh, sorcièreuuhhhh, sorcièreuuuhhh, LALALALALA !!!
Adolescente j’étais presque (je dis bien presque) incontrôlable pour mes parents. Je pleurais beaucoup, souvent, et j’écoutais du métal... Suffisant pour les faire flipper, ils étaient persuadés eux aussi que j’étais possédée par quelque chose. Une de mes tantes leur a donc parlé d’un prêtre exorciste en Belgique, LE PERE SAMUEL. On s’y est rendu un samedi matin. Je flippais, je me voyais déjà tomber par terre, convulser et bouffer le prêtre. Rien de tout ça n’est arrivé. Il m’a mis de l’eau sur la tête (il a niqué ma coupe au passage), m’a fait réciter trois mots dans une langue inconnue, m’a donné une croix et c’était fini, tout ça pour ça... Mais le temps passait et j’étais toujours aussi anxieuse et déprimée. Un soir j’ai commencé à entendre des sifflements dans ma tête, là j’ai vraiment eu peur et avec maman on a été consulter. Premier psy : TYJANKO. Il parlait pas on faisait que de se regarder. Devant ma détresse il m’a donné du Melleril (un anxiolytique). Les sifflements sont passés. Ma première prise de médicaments a développé un comportement quelque peu addictif. J’ai commencé à en prendre de plus en plus souvent, ça marchait immédiatement et surtout mieux que les exorcistes. Je changeais aussi très souvent de médecin, je pense en avoir vu huit ou neuf en trois ans. Des fous, des obsédés sexuels, d’autres qui dormaient pendant la séance... Celui qui m’a le plus marqué c’est quand même LANIES, ce mec! Déjà son cabinet était louche, hyper austère, sale, et il n’avait pas de secrétaire ce qui veut dire qu’il se levait deux fois en moyenne par consultation pour ouvrir la porte à ses autres patients. C’est très déroutant lorsqu’on suit une psychothérapie. Dr LANIES faisait un truc quand je lui parlais de mes histoires parfois portées cul, il se masturbait devant moi, je voyais sa main dans sa poche qui bougeait de haut en bas. La première fois je me suis dit que je délirais encore, la deuxième fois je me suis dit que je délirais encore, puis la troisième je lui ai carrément demandé : «Vous êtes en train de vous branler là docteur?». Il a pris un air gêné et a très vite retiré sa main de sa poche. Il était bien en train de se branler. Persuadée que je l’avais allumé et que tout ça venait de moi, et surtout certaine qu’il me ferait aller mieux, je me suis dit que j’allais lui pardonner. A la consultation suivante il me prescrit de l’«Haldol» à cause de mon angoisse de la rentrée scolaire, je ne pouvais pas sortir de mon lit. «Un comprimé le matin et un demi le soir, vous irez mieux mademoiselle». Sauf que c’était pire. J’ai commencé à avoir des envies de suicide, des hallucinations, des raideurs musculaires (je ne pouvais plus tenir un stylo), je ne mangeais plus, je ne pleurais plus car je ne comprenais pas ce qui m’arrivait. Ca n’allait pas mieux c’était bien pire! Au début maman pensait que je faisais semblant, que je ne voulais juste pas aller à l’école puis le jour où je l’ai appelée pour lui dire que j’étais sur le point de me jeter du quai du RER B elle est venue me chercher et m’a ramenée à l’hôpital St-Anne. J’avais déjà un dossier là-bas pour mes multiples pétages de câbles (je cassais, je cassais tout quand j’étais pas contente) et j’avais fait quelques très drôles tentatives de suicide (pendaison foirée = torticolis SEVERE). Questions habituelles... Ils m’ont demandé si j’avais un psy, je leur ai répondu que oui et que j’avais un nouveau traitement : «HALDOL». Mais les médecins ils se serrent les coudes entre eux et personne n’a voulu me retirer l’Haldol alors que c’était ce truc qui me rendait dingo. J’ai consulté alors le médecin de famille qui m’a simplement dit d’arrêter ce médicament car il est destiné aux schizophrènes et je n’étais pas schizophrène.
Lorsqu’on prend ce médicament et qu’il n’est pas adapté ça déclenche les symptômes de la maladie. J’ai donc été une vraie schizophrène. J’en retiens que c’est vraiment pas drôle comme maladie.

knoxxxinnocence.blogspot.com


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